Le chanteur et guitariste britannique Kevin Coyne est mort jeudi 2 décembre, à Nuremberg (Allemagne) où il habitait. Il était âgé de 60 ans.
Personnalité-culte apparue sur la scène rock-folk à la fin des années 1960, également poète, écrivain et peintre, Kevin Coyne était né le 27 janvier 1944 à Derby, en Angleterre.
Elevé dans une famille ouvrière,
il fait des études de dessin - la plupart des pochettes de sa quarantaine
de disques sont de sa main - avant, en 1965, de trouver un emploi de travailleur
social en milieu hospitalier.
Les paumés alcooliques, les vieillards perdus, les malades aux troubles mentaux, les toxicomanes qui peuplent son quotidien fourniront les personnages étranges et tristes de ses débuts de parolier et de chanteur. Sa dégaine d'ours, son timbre qui peut passer du plus grave à l'imitation d'un enfant, ses gestes saccadés, le feront un temps passer pour aussi dérangé que les créatures de son imaginaire artistique.
En 1969, Kevin Coyne, amateur des vieux bluesmen et de chanteurs folk anglais, fait ses débuts avec le groupe Siren. Deux disques, qui annoncent sa faculté de chanteur-comédien à endosser des rôles, sont publiés sans succès suivis en 1971 de Case History, où Coyne prend son envol en solo.
La jeune compagnie Virgin, alors plutôt tournée sur le rock progressif et planant - Mike Oldfield, Gong, Tangerine Dream... -, s'intéresse à Kevin Coyne. Plusieurs disques, répartis entre 1973 et 1979, Marjory Razorblade, Blame It On the Night, Heartburn, Dynamite Daze et Millionaires and Teddy Bears, établissent la réputation de Coyne en Angleterre, mais aussi en France et en Allemagne, où il bénéficie du soutien d'une base de fans.
L'étrange Babble (1979), avec la chanteuse Dagmar Krause (Henry Cow, Slap Happy, Art Bears...), lui permet d'aborder une manière de théâtralité musicale qu'il aura l'occasion d'explorer à nouveau.
Une grave dépression nerveuse, liée à un excès de travail durant ses glorieuses années 1970 doublé d'une plongée dans l'alcool, force Coyne à faire un pause. On le croit un temps disparu. Il est en fait parti vivre en Allemagne qui, depuis 1985, est sa terre d'élection et de création.
Son style évolue à certains moments vers un gros son rock, à d'autres vers un accompagnement restreint. A la fin des années 1990, ses enfants, Robert et Eugene, participent à ses enregistrements et à ses tournées, discrètes mais toujours suivies par des fidèles. Donut City, Carnival et un album en public figurent parmi ses enregistrements du troisième millénaire.
Sylvain Siclier
ï ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU MONDE DU 07.12.04
Your holiness par Kevin Coyne - 1982 - mp3